Cueille, oui
Je me souviens de notre première rencontre, nous n'avions pas échangé un mot, nous avions marché silencieux, recueillis, deux heures sous un ciel magnifiquement étoilé.
Ton bras passait autour de mes épaules et il me semblait suivre toutes tes pensées. Nous regardions la voie lactée, et il me semblait que je recevais des baisers comme douces caresses au bord de mon sourire.
Il me semblait que tu avais besoin de ma sérénité et que tu te baignais dans ma tendresse, dans ma confiance comme dans un lac aux eaux profondes et limpides.
Deux heures où nous n'avons jamais été si proches, si unis, dans le silence, la paix du coeur. Deux heures d'un repos et d'une joie parfaite, de celles dont on ne peut parler tellement elles sont intenses et pures, et vraies, et rares, de celles que l'on ne conçoit habituellement qu'en paradis, et encore! Baignés, emportés dans le même fleuve de vie et d'amour.
Une éternité ouverte, une porte dans l'infini, un moment aussi fort quoique plus calme que cette "danse des mondes". Où là c'est exaltation totale, sortie de soi, fusion, don, illumination, création, rassasiement.
Oui, certaines fois se rassasier, assouvir ses faims inextinguibles, aiguisées sur les landes glacées et perclues de bises et de blizzards, creusées dans les dunes écrasées de soleil, sous les vents de sable et les sirocos, exaspérées en attentes dans la nuit fraîche ou froide, où nous guettons les appels, où nous pistons les faibles lueurs qui trahiraient une direction à suivre ou à éviter!
Se jeter dans l'autre à coeur et à fond perdu!
S'étreindre sagement, à s'en traverser. S'offrir à s'en perdre, se boire sans satiété.
Se contempler à s'en brûler les yeux. Se respirer à en perdre le souffle, en retenant son souffle. Se frôler, séparés par le voile, se toucher du bout des doigts en aveugles, s'endormir l'un à côté de l'autre, rêvant l'un à l'autre comme il n'est pas permis...le corps embrasé, le coeur en transes.
Au matin, sages, sublimes et sublimés, souriants, riant, pour repartir, main dans la main comme deux enfants fous, qui veulent atteindre ensemble la frange de leur rêve, sans tomber à l'extrémité, car la terre n'est pas plate, ni le bout des songes!
Deux va-nu-pieds dont le coeur est brûlant comme le four du potier, dont la poitrine explose d'un soleil irradiant leur quotidien.
Deux incroyables enfants, aimant la vie et ses paris, deux cavales folles qui roulent-boulent jusqu'au creux des dunes. A la recherche d'une synchronicité et de conjonctions astrales, de puits, d'ombrages, de lieux secrets où le savoir a laissé son parfum de vieux livres, à la recherche d'un présent qui ne dément pas le futur et explique le passé. A la recherche d'intériorités et de plénitudes invraissemblables, inatteignables, insondables, de libertés insoupçonnées, inexplorées. A la recherche de pureté et de virginité sans cesse renaissantes...
A la recherche de rémission, de pardons, d'absolutions, de compréhensions?
Pourquoi est-ce la vie pleine de fougue et de fleurs qui doit toujours te prendre la main en riant, en dépit des obstacles, des lourdeurs, des chagrins, des soucis, des ?
Parce qu'elle est toujours en avant, la vie ne se mord pas la queue, elle progresse.
Alors mon vagabond aimé, oui, viens, la vie continue, la partie n'est pas terminée, avec ou sans Jocker, on avance. Mon seul "talisman" c'est ma foi! Je n'ai même pas emporté le collier de mon aïeule, sa force vit dans mon âme, en Dieu, nous ne faisons qu'un elle et moi. Je n'ai pas même pas ceint la ceinture à la turquoise, ni piqué la rose poivrée dans ma tunique. Toi et moi, ne faisons qu'un, en Dieu qui nous aime. Dans le silence comme dans le rire, nous sommes unis. Dans la tendresse comme dans la paix. Je n'ai même pas pris mon appareil photo, ni mon Palm Zire, te rends-tu compte? Nos rencontres sont solidement gravées sur le disque dur de mon imaginainaire, je n'ai nulle crainte.
Ne bouge pas, non, j'entends ton souffle régulier, je colle mon oreille à tes lèvres lorsque je ne l'entends plus. Ne t'éveille pas trop vite, ou sinon, nous ne pourrions atteindre le guet que nous devons passer pour rejoindre la palmeraie.
Que mon rêve te soit doux comme plume de colombe et parfumé comme fleur de jasmin.
Les vraies amitiés sont hors espace-temps, et elles fleurissent dans le coeur de mon Seigneur, elles y ont toutes même racine, l'Amour infini qui se cherche...
et parfois se trouve...
Deux êtres qui s'aiment au-delà de tout incident, au-delà de toute raison,de tout préjugé sont inaltérables! Ils opposent à toutes pressions mondaines, à toute force de mort ou de nuit, un noyau lumineux et brûlant que nulle attaque ne saurait entamer ou détruire. Car l'Amour est plus fort que la mort ou que quoi que ce soit qui la représente ou s'y inféode. Deux êtres ou deux âmes qui s'aiment sont un rempart défendu par Dieu, imprenable à quiconque.
Je t'aime ami, jusqu'à quand, jusqu'à où? Même si...
A chaque "maintenant" commence l'infini et l'éternité...
Dans chaque "maintenant", je t'aime.
Cueille, cueille l'instant, cueille l'Eternité... 

Pour lire cette histoire, il faut repartir à sa première note
vous y trouverez la table des matières (titre et url de chaque note)
je crois que si l'on devait commencer par une page au hasard ce blog, ce pourrait être celle-ci
Thursday 02 February 2006 à 22h58
par fleurdatlas
Derniers commentaires