Rêves en soupente

smiley : smiley_heart Rêves en soupente


 Il fait très froid actuellement, parce qu'humide est l'air.


Il a neigé sur les hauteurs et les monts sont recouverts de crême chantilly. Il y a du givre au bord des carreaux, on a peine à rentrer dans les lits parce que les draps paraissent mouillés. On aura peine à en sortir le matin car ils seront brûlants.

Nous dormons sous le toit dans notre maison, tout comme à la bergerie. Nos matelas à même la moquette. Notre chambre ressemble à une tente, elle est basse sous charpente et les pentes redescendent jusqu'à 50cm de hauteur. Des peaux de mouton servent de tapis. Il y a aussi plusieurs coffres dans lequels on entrepose des livres. Une malle en cuir, la malle de mon grand-père, celui qui était le Berger, du temps de Rachid. Je pense qu'il y mettait ses affaires de militaire lors des campagnes, et une malle en bois, celle du grand-père de mon mari, qui était marin, et où il rangeait ses effets, ses tenues, ses insignes et ses souvenirs personnels. Il y a encore une table basse décorée façon jardin zen avec des cailloux et une petite fontaine.


A la saison pluvieuse: Octobre-Novembre, ou Juin, les pentes de la toiture ne peuvent drainer les cataractes, nous sommes inondés, souvent en pleine nuit, et nous devons faire la chasse aux bacs en plastiques et aux cuvettes pour endiguer les gouttières. Nous battons en retraite au premier étage, dans une chambre aménagée à cet effet.


En automne, lorsque le temps le permet et que je suis assez solide sur mes jambes, je monte faire un nettoyage de toiture, et lorsque c'est nécessaire, un remaniement. mon homme me fait passer les tuiles neuves, et les différents outils qui me servent à gratter, à retirer les lichens et les mousses. Ce sont de véritables éponges qui retiennent des litres d'eau et les libèrent dans notre chambre lorsque je n'ai pas pu m'en occuper à temps.
Parfois, je refais la faitière et les joints, il faut m'amener gamate et ciment, eau et sable sur le toit! Lorsque je domine le point culminant, je mets mon baudrier et je m'encorde pour ne pas risquer la chute mortelle. Je n'aime pas, ça ralentit la progression sur la toiture, cependant, ça m'évite l'accident! Cette année, nous sommes restés longtemps à la bergerie, jusqu'au cris des grues, juste après les premières neiges, et je n'ai pas pu faire les révisions de couverture, si bien que nous aurons des ennuis pendant la mauvaise saison!

Les torrents sont gonflés, ils se précipitent et roulent des eaux terreuses, ils montent dans leurs lits, et menacent d'envahir les près où se sont réfugiés les troupeaux. Mon agnelle se remet doucement, je n'ai pas pu la garder à la maison, elle reste à la bergerie et je vais la voir en fin d'après-midi, je passe caresser mon mouton noir, par la même occasion.

La stabulation a un inconvénient, les bêtes se salissent plus facilement, il leur faut des compléments, le fourrage sec ne leur convient pas totalement. Heureusement, un vaste champ en jachère peut les accueillir dès que le soleil pointe deux-trois rayons. Aheyâd et Afa sont restés avec nos moutons, le brigand me manque, il était très affectueux, maintenant, il fait sa "cour" à d'autres. Djam a repris ses activités hivernales et ses responsabilités auprès de la collectivité. Je sens sa tristesse et sa fatigue. Il a besoin que je le seconde à la maison. Et c'est normal. Cette nuit, je finis ce texte, je le poste dans la maison de rêves, et je le rejoins enfin.


Vers trois heures ou quatre, je serai réveillée par le souffle du vagabond. Depuis plusieurs nuits, il revient me rendre visite.
Il a ses propres peines de vie et de coeur, de santé, de boulot. Il ne m'en parle pas, parfois j'aimerais savoir un peu, moi je lui en dis beaucoup, parce qu'il est devenu mon ami, je ne lui en confie pas autant qu'à mon époux à qui je dis tout, mais beaucoup quand même. Si je ne lui disais rien, existerait-il un rêve?
Je sens qu'il est come un petit enfant lui aussi, il a besoin de beaucoup de tendresse et incroyablement d'amour. D'être rassuré, encouragé, pacifié. Il a besoin de mes rires, de mes folies, de mon éternelle jeunesse et immaturité, de mes témérités, de mes inconséquences.
Il a besoin de plus encore, mais j'ai mes limites et il les connaît, il les respecte. Parfois, il ferme les yeux, et je sais qu'il imagine ou qu'il voit des tas de choses, que je ne peux même pas soupçonner, parce qu'il a vécu bien d'autres aventures que moi, et qu'il n'a ni la même culture, ni les mêmes connaissances, ni la même forme de pensée, ni les mêmes idiomes! Le regarder me suffit, je suis l'intensité de ses pensées, de ses fantasmes, je souris. Je lui donne mes mains à tenir, ou je me mets dans ses bras et je lui chante des airs de chez moi, des incantations, je voudrais le caresser de mes pensées et de mes mots, mais je ne sais pas toujours.
Il a besoin de "grand vent" et de grands espaces, de relations torrides et conflictuelles qui l'aident à se sentir "vivant" et lui donnent l'énergie du désespoir. Moi, j'ai tout simplement connu trop de difficultés et de misères, de douleurs, j'aspire à la sérénité et à la joie simple du moment, même si je sais vivre sur un mode échevelé et déchiré, ouragan dévastant tout à commencer par moi-même!
Actuellement, je n'ai rien d'une Taarakienne de Métal Hurlant!
Je n'ai rien non plus de Candy d'Au pays de..., et je ne suis plus à la recherche de mon prince! peut-être parce que je l'ai trouvé et qu'il est tout simplement terriblement humain et pauvre, et que c'est bien ainsi.
Il y a là, face à moi un routard buriné et fragile. Mais je l'aime comme il est.

Ce soir, je ne danse pas, il pleut à verse. On est au sec encore dans la soupente, pour combien de temps ou d'heures encore?
Deux enfants perdus, qui se sont trouvés pour partager des rêves braques. Tandis que tout dort, et que le désert desséché de leur sens les appelle vers un ailleurs bien différent. Pour cette nuit, néanmoins, ils écoutent encore le ruissellement de l'eau sur les tuiles, cette surprofusion d'eau! ce sont comme des fontaines qui bruissent au dessus de leur tête et Tah leur parle, et les apprivoise et les reconnaît. Et tous deux s'endorment bercés par ces murmures et clapotis, transportés en songe dans les jardins de palais Moghol, loin, là-bas, vers l'Est, vers d'autres montagnes...4700 mètres

Vers d'autres tentes... ou d'autres yourtes

 

 

                                                                          

                                                                    

                                                                                    

 

commentaires

Re bonjour,

Tout à l'heure j'ai déposé un tout petit message ici, et en fait je vois qu'il n'a pas été enregistré.
Mon ordinateur me pose toujours autant de priblème.

Je ne vais pouvoir faire très long.

Oui, j'ai bien vu tes autoportraits. Superbes toiles, superbe modèle. Et cette photo, avec cette belle bergère assise dans l'herbe. Mon rêve, prend une forme, une couleur. Une sensualité. Sur la photo j'y vois bien sur la beauté, mais aussi autre chose de touchant : une bonté, un grace. Quelque chose d'apaisant.
Je vais emporter ce visage dans mes songes. Le border, le bercer.
J'espère que ce soir tu te sens plus en forme, et que tu pourra assurer la danse.
Tu sais en ce moment, je ne vais pas très bien. Ca se sent dans mes textes. Mais je sais que cela va passer. Tout passe, meme les mauvais moment. Heureusement tu es là. Tu es la part de lumière, la part douce, la part de ciel bleu. Tu es mon endroit où je pose mes valises trop lourdes. Où je pose ma tête sur des genoux accueillants, et où une main paisible me caresse les cheveux. Tu es l'endroit de ma vie, où je peux m'endormir sans crainte. J'aime comme tu es. J'aime cette façon dont tu te livres, et dont tu te reprends, j'aime la valse douce de tendresse que nous échangeons. Ce n'est rien de mal. Une valse de tendresse. Des effleurement de joues, de peau. Des regardsde rêve. Des souffles qui se mèlent. Des sourires qui se cachent, qui se dérobent.
Oui, heureusement que tu es là en ce moment. Mon bateau tangue, et je te vois sur l'horizon. Ca me rassure.
J'aime pouvoir me dire: elle est là. Dans notre maison, sous notre tente. Un thé chaud m'attend, et un regard tendre. Elle est là, et ça suffit, tout est bien come ça.
Les courses folle de l'errance sont épuisantes. Le creux de ton épaule est un havre, est une oasis. Voila, tu es une oasis, où coule une source, au milieu d'une verdure. Tu es le bruit de cette eau sauvage et salvatrice.
Laisse-moi boire ton eau, ta peau, tes yeux , ton sourire Laisse-moi caresser ton reve, au fond de tes prunelles.

Tu es belle ma douce bergère. Je dois y aller maintenant.
Je t'embrasse avec toute ma tendresse. Done une petite caresse à Afa. Cette nuit avant de m'endormir, je mettrais ta main sur mon ventre. Pour sentir sa chaleur. Je voudrais que ton souffle passe dans le creux de mon cou. Et je m'endormirai, comme un enfant heureux.
Nous serons sous les peaux de moutons. Nus, comme des enfants heureux.
Je t'embrasse belle et douce bergère.
Je t'embrasse, dors ma belle. Dors, tu es là, dans mon rêve, entre ma chair et mon sang.
Je t'embrasse.
2005-11-29 21h16 

J'ai déposé cette nuit un très long com dont je ne vois aucune trace ce matin!
Incompréhensible. Bon je t'avais aussi envoyé un mail, j'espère que tu l'as eu.

je vais me reposer, j'ai besoin de récupérer,
je ne suis pas complètement remise d'hier.

Bonne journée à toi, le mieux que tu peux!
Bien tendrement à toi
2005-11-30 10h52 

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Tuesday 29 November 2005 à 06h39 par fleurdatlas



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