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Mais encore?

Taheyyâtt avait tous les dons, ou presque

c'était une remarquable chasseresse, et son oeil directeur était fort heureusement le gauche.

Taheyyâtt se rappelait avec amusement la question d'une des élèves de l'institut: "mais alors, en fait, tu es gauchère?"
Elle savait que l'on est et devient ce que la vie fait de soi, ce que l'on en accepte, ce que l'on en fait sien

Si gauchère était plus favorable à sa survie que droitière, c'est gauchère donc qu'elle était et serait
cela surprenait toujours l'ennemi, mais point les animaux

Dieu sait si Taheyyâtt aimait les animaux,
c'est d'un coeur brisé qu'elle décochait l'une de ses flêches meurtrières lorsque le besoin et le besoin seul s'en faisait cruellement sentir!

A l'instar de tout bon berger, elle aurait mis ses jours en danger pour retrouver une brebis perdue, pour la ramener saine et sauve au bercail, elle n'hésitait cependant pas à utiliser son adresse redoutable pour se nourrir lorsque famine sévissait. Lors, la belle agnelle pouvait se changer en loup, la gazelle racée en souple tigresse, la colombe innocente en faucon zélé.

Connaissant le secret des plantes et des racines, de tout ce qui peut être commestible, elle commençait toujours par composer ses repas de baies succulentes, de champignons fondants, de feuilles tendres, de fleurs délicieusement goûteuses, de tubercules moelleux, de nectars précieux.

Mais lorsque la végétation devenait rare, que les distances à parcourir, ou plutôt à courir, se faisaient interminablement longues, au coeur des landes désolées, ou des névés glacés, elle visait tout ce qui bouge pour calmer ses énormes fringales. Elle ne jeûnait que dans les déserts privés de cactus ou d'oasis hospitaliers.

Taheyyâtt était prompte à fuir, toujours sur le qui-vive, toujours heureuse de partir en campagne, toujours heureuse de toucher au but, l'un des innombrables buts de ses perpétuelles quêtes.

"Transformation...dans la continuité"

quelques mots qui traversèrent son esprit

Elle n'avait pour repère que les étoiles, les soirs de grand beau temps
et sa boussole intérieure qui lui donnait le "la" du vent

quelqu'un l'attendait
en un lieu retiré
inaccessible au commun
un lieu fait pour elle
sauvage et naturel
empli de mystères
et de savoirs

de folies
de poésie

elle voyait un bel étalon blanc


un Vashara Chamal
fin, nerveux, soyeux
aux veines frémissantes

ou bien un Ara-appaloosa


était-ce parce qu'elle était fatiguée de sauter de rochers en rochers le ventre vide?

elle rêvait qu'un lasso la cueillait en plein vol, au mitan d'un bond entre deux éperons schisteux et qu'un bédouin surgi du plus profond lointain des dunes l'enlevait sur son pur sang blanc comme meringue italienne avant la cuisson...

Elle se demandait avec un brin d'angoisse: c'est où la Namibie?
et Swakopmund? Windhoek? Epupa?

Proche, proche de l'Angola, lui souffla sa voix intérieure.
Les himbas sont de très belles femmes.
Il y a de magnifiques chutes d'eau sur la rivière Kunene et de grands baobabs séculaires.

Aucun lieu ne sera jamais assez reculé, insolite, exotique pour me faire oublier l'horreur des semaines qui ont précédé à ma nouvelle évasion!

Autant oublier tout de suite et poursuivre le coeur léger!
Mieux vaut la faim que la satiété...

 

Tahheyyât 4 février 2010; 13:01
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