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Un ange, sans aucun doute!
Bien que Taheyyâtt se remettre doucement, Pongwa ne lui manifestait que bienveillance, douceur, amabilité. C'était Panya et uniquement elle qui la touchait et la regardait de près. Elle ne redoutait presque plus de conséquences tordues de la part de ses sauveteurs. Elle désirait cependant connaître la destinée du cheval qui l'avait amenée jusque là.

S'il connaissait si bien la route, Zuhri ne tarderait pas, et avec lui de gros ennuis pour sa personne et probablement pour cette famille compatissante. A moins qu'ils ne soient pas étrangers les uns aux autres et que ce soin mis à restaurer l'évadée et à entretenir sa monture ne soit dû à quelque autre dessein...

Taheyyâtt oscillait donc entre espérances et craintes, tandis qu'elle se familiarisait par imprégnation avec une langue particulièrement difficile ou neuve à ses oreilles de persane.

C'était tout de même trop fort: trouver un brin de civilisation Africaine en plein désert qu'elle pensait  jordanien! Si elle ne se savait pas en pleine amélioration, elle eut alors penché pour le plein délire, ou la matérialisation d'une partie de ses rêves latents.
Entrer par effraction dans une autre dimension, au moment même où la faim aidant, la fatigue poussant, elle s'était imaginée attrapée au lasso par un solitaire bédouin!

Il lui suffirait de changer de rêve pour échapper à Zuhri, à moins qu'il ne la poursuive de rêve en rêve!
Partirait-elle avec le cheval? Il faudrait qu'elle le retrouve, elle était à présent assez forte pour repartir, cependant n'en laissait rien paraître aux yeux de ses hôtes. Sa voix intérieure lui commandait de feindre l'ignorance, et de prolonger ses affaiblissements pour ne pas se mettre à la merci de marchands d'esclaves.

Elle fit comprendre à Panya qu'elle avait besoin de dessiner, et celle-ci lui apporta un plateau couvert de sable. Panya remua le plateau comme pour tamiser ce qui se trouvait à sa surface, le sable se répandit en fine couche égale dans le plateau, ensuite elle traça des lignes dans le sable. Taheyyâtt avait compris, il s'agissait d'une ardoise magique, elle fit de même et dessina avec son index un magnifique cheval. Panya reprit le plateau et dessina, seules deux oreilles de cheval dépassaient de l'entrée d'une caverne. Taheyyâtt ne put s'empêcher de rire, Panya dessinait avec humour.

Panya reprit le plateau et dessina le cheval, un homme versait sur sa belle robe blanche une purée qu'elle imagina faite de boues. Taheyyâtt hocha de la tête pour signifier à Panya qu'elle avait compris la ruse. Elle réclama le plateau pour esquisser une silhouette de bédouin. Panya traça des signes sous le dessin. Taheyyâtt pensa que c'était le nom de l'homme, elle montra ses lèvres, puis les lèvres de Panya pour lui demander de prononcer ces lettres et ce mot, elle entendit: "ZUHRI"

Elle  mit les mains devant son coeur pour exprimer son remerciement, puis se tata le front pour indiquer qu'elle était fatiguée, Panya se retira. Taheyyâtt ferma les yeux et se laissa retomber sur ses coussins.

ZUHRI, ainsi c'était le nom de son ennemi, ou alors le mot générique pour nommer "l'homme"
Un ennemi, un danger nommé paraît moins dangereux!

ZUHRI, elle laissait courir ce nom dans son mental comme une cavale folle! elle se nourrissait de sa sonorité, ZUHRI!
C'était comme si elle prenait avantage sur lui qui ne connaissait pas son nom à elle!

Se rendre méconnaissable. Il faudrait qu'elle amène Panya à lui teindre les cheveux, à faire pour elle ce que Pongwa avait fait pour Zeff.
Instinctivement, elle savait que le cheval avait nom de vent, c'était en murmurant et répétant ce nom à ses oreilles sensibles qu'elle s'était rendue maîtresse de l'animal, peut-être avait-elle entendu ZUHRI l'appeler au cours de cette nuit où elle s'était méticuleusement entaillé la hanche gauche.
Plus jamais ça! quelle souffrance! la liberté a un goût de sang qu'elle n'oublierait pas.

 

Tahheyyât 8 février 2010; 19:47

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