Le groupe quitte l'auberge
Bon dieu, qu'est-ce qu'ils racontent encore pensa Amaelle, réveillée par des messes basses. Bien que le sommeil l'imprègne encore, ses réflexes de guerrière se mirent à l'oeuvre. Ecoutons. La pièce ne permettait pas de discerner les couches de chacun des aventuriers. Mais ThisBeth regardait au dehors la lune par la seule fenêtre. Elle devait rêvasser à sa quête.
Les deux archanges discutaient. Amaelle ne savait pas pourquoi elles les entendait mais une chose était certaine, ils en savaient plus que n'importe lequel d'entre eux en ce moment. L'aventure est une vaste trame, dont les nombreux fils s'entrecroisent et manifestement, Katz et Ziee parvenaient à voir la tapisserie finale. Amaelle n'en avait, quant à elle, aucune idée.
Tout allait bien trop vite : sa rencontre avec ThisBeth, les voyages temporels, la rencontre avec Jacommo lequel ne semblait pas très à l'aise. Il avait quelquechose de … démonique. Puis il y avait maintenant les deux autres voyageurs. Jean se disait perdu, mais peut-être n'était-il pas aussi égaré qu'on puisse le penser. En tout cas, il faisait un bon palefrenier apparemment. Et la gamine, Adelheid, fille de la nature avait sûrement beaucoup plus de ressources qu'elle n'en paraissait. Où cela les emmenait-il tous ?
Apparement, dans sa quête ThisBeth avait précipité leurs destins. Elle devait vaincre un alchimiste et retrouver son amoureux. Sa force les avait tous aspirés à converger vers elle mais après... on discutait beaucoup, il y avait peu d'actions et Amaelle commençait à s'ennuyer ferme. Faudrait-il attendre que Adelheid déchiffre le grimoire ?
Agacée par ses questions sans réponse, elle se redressa, s'assit se qui interrompu le dialogue des archanges. Amaelle leur lança un regard narquois et Ziee lui tirât la langue.
Oh, fort bien ! Pensa-t'elle. Et elle se levât.
ThisBeth jetât un regard étonné en sa direction mais Amaelle mit le doigt devant sa bouche et sortit de la pièce. Elle avait besoin de se dégourdir les jambes, le jour ne tarderait pas à poindre et elle n'avait pas encore vu Zor, la monture de ThisBeth de près. Traversant la salle commune, il aperçut un client. Bizarre, pensa-telle, à cette heure... Mais il ne semblât pas s'intéresser à elle alors elle continuät. Elle se rendit à l'écurie. Le pégase ressemblait beaucoup aux chevaux volants camarguais de sa contrée. Comme la monture de son bien-aimé Léo Asilas. Comme il était loin. Et Stark qui devait affronter les dieux du Chaos tout seul pendant qu'elle était bloquée ici !
Bon, plus tôt elle aurait fini cette quête, plus vite elle reverrait les siens. Amaelle s'approcha de Zor. Il était magnifique. Ses ailes repliées sur les flancs, les yeux paisibles. Soudain, un bruit l'alerta. Jean entra dans le box.
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Salut Amaelle, bien matinale ! Lui fit-il remarquer.
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Je peux en dire autant de toi, Jean. Tu viens t'occuper de la bête ? J'aurais pû prendre le relais, tu sais. Tu vas bien ? Un peu remis de ton voyage ?
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Oui, une nuit de sommeil, ça répare. Mais, je ne comprends pas bien ce qu'on fiche ici. Alors, je me suis réveillé et j'ai pensé à Zor. J'aime m'occuper des bêtes, ça m'apaise....
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Dis-moi, toi qui a voyagé avec, Adelheid, elle est pas un peu spéciale ?
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En quoi ? Je ne comprends pas répondit Jean en haussant les épaules.
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Je suis peut-être suspicieuse mais elle porte une drôle de bague. Et puis, elle semble si fragile avec ses pieds nus. Elle semble vouloir déchiffer le grimoire mais je ne sais pas comment elle pourrait le faire. Et si son anneau le lui permettait ?
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Tu as de drôles d'idées, Amaelle. Adelheid est une jeune fille qui a lutté pour sa survie, dans la nature, seule. C'est tout ce que je sais. Mais je trouve ça assez édifiant pour ne pas la soupçonner.
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Ah... je ne la soupçonne pas... c'est pas ça... mais ThisBeth semble attirer autour d'elle des personnes très spéciales, y 'a qu'à voir avec ses archanges.... alors, je me demande si nous apparaissons au hasard, nous son entourage, ou si une force nous fait converger vers elle, parce qu'elle a besoin de nous. En tout cas, je sens bien qu'il y a de la magie, là-dessous et ça ne me plait guère. J'ai beau être une battante, je sais que contre la magie, à moins d'avoir des pouvoirs ce qui n'est pas mon cas, la rapière et la dague ne peuvent rien. Sauf à trancher la gorge du magicien.
Jean l'écoutait en étrillant Zor. Il se retourna. - Mais si tu es si suspicieuse envers tout le monde... pourquoi me parles-tu ? Qui te dit que je ne suis pas un … traître, un ennemi ?
- Ben, vois-tu... bizarrement, la magie imprègne l'atmosphère... mais pas quand tu es seul. Ici, rien ne vibre. Alors, je me dis que si il y a deux êtres humains dans le groupe, autant qu'ils se parlent en toute franchise. Je vois bien sur toi les marques de la guerre... et je sais que tu es plus que ce que tu en dis.
Jean la dévisageât. Hésita un moment à parler de son passé, à nier sa participation à Sedan. Mais finalement, il parlât, se ralliant à la pensée toute simple que, quitte à avoir un allié totalement humain dans le groupe, autant partager avec une certaine franchise des discussions … enrichissantes.
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Percé à jour. Oui, je suis un combattant. Et je ne pense avoir aucun pouvoir magique. Mais je sais me battre. Alors, d'accord pour le partage d'informations. Tu t'inquiètes D'Adelheid. Moi, c'est Jacommo qui m'inquiète. Il semble mal à l'aise avec les archanges.
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Je suis d'accord. Et qu'est-ce qu'un rat de bibliothèque a à gagner à rester avec nous malgré cette répugnance à fréquenter des anges ? Un intérêt... oh, purin, et ThisBeth qui est pratiquement seule avec lui ! Amaelle se précipita hors de l'écurie. De loin, elle aperçut Adelheid qui manifestement, chassait quelques grives en vue d'améliorer le déjeuner.
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Tu es dehors depuis longtemps ? Lui cria-t'elle, Jean sur ses talons.
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Dix bonnes minutes ! Répondit une Adelheid eberluée. Abandonnant sa chasse, elle courut dans leur direction.
- ThisBeth est seule avec Jacommo ?
- Oui ! Mais pourqu...
- Viens lui cria Amaelle en la tirant le bras ! J'ai pas confiance et un arc, ça sert toujours.
Jean ne les avait pas attendues. Il était déjà dans l'auberge. Le temps que les filles se ruent à l'intérieur, elles entendirent à l'étage un grand remue-ménage. L'hôtelier les dévisageait de sa bouille enfarinée, muet et décontenancé. Elles gravirent à toute hâte les escaliers et ouvrirent la porte dans un grand claquement retentissant. Jean se tenait face à ThisBeth et Jacommo qui tenaient chacun une partie du grimoire. Jacommo semblait dormir debout et ThisBeth avait les yeux révulsés.
- Purin, sépares-les ! Cria Amaelle à Jean. Mais, avant qu'il fasse un pas, Adelheid se précipita pour toucher le livre qui devenait luminescent. Elle se figea à son contact. Jean regardât Amaelle, coupé dans son élan vers ThisBeth par l'étrange scène qui se déroulait devaint lui. Leurs trois compagnons étaient maintenant figés au-dessus du livre lequel éclairait puissamment la pièce. Amaelle et Jean s'approchèrent. Le texte s'effaçait rapidement, puis réapparaissait, comme si les trois personnes qui le touchaient pouvaient lutter contre la disparition des mots.
- Vite ! Tu sais écrire Jean ? Il hocha la tête.
- Alors, tiens, prends ma deuxième plume et note les symboles avant qu'ils ne disparaissent ! Tous deux se mirent à gratter le papier frénétiquement. Soudain, une carte apparue. Amaelle le consigna rapidement puis la lumière s'intensifia et finalement, dans un grand boum, les trois personnes furent éjectés aux quatre coins de la pièce. Amaelle tomba cul par-dessus tête, Jean tourneboula sur lui-même puis s'écroula. Le silence se fit dans la pièce. Ce fut un orage qui les réveilla tous. Des éclairs illuminaient la pièce et on tambourinait à la porte !
Boum, boum, boum ! - Vous êtes réveillés là-dedans ! Ou vous êtes morts ! Vin diou, ouvrez la porte ! C'est plus de midi et la chambre doit être débarassée ! Oust ! Du balai ! S'époumonait le taulier.
Adelheid sanglotait dans un coin en tenant sa bague. Jean était penché au-dessus de ThisBeth, visiblement inquiet. Jacommo se tenait dans un coin, tentant manifestement à déchiffer les notres prises par Jean Et Amaelle. Le livre gisait à terre, ouvert sur deux pages totalement vierge. Amaelle se dressât tandis que ThisBeth revenait à elle. Les coups avait le don de la mettre hors d'elle.
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Bon dieu le taulier dit-elle en ouvrant la porte. Mais celle-ci était fermée. Sans clefs.
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Sortez d'ici que j'vous dis hurlait-il !
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Ah, j'aimerais bien ! lui criait Amaelle. Mais c'est fermé !
Le tonnerre retentissait toujours avec force. Amaelle balayât la pièce. Seule Adelheid semblait terrorisée. Se pouvait-il que ce soit elle qui scelle la porte ? Amaelle s'avançat vers elle. Adelheid était recroquevillée, tenant son anneau. Amaelle se penchat vers elle et rmassa la larme qui coulait sur le visage de la jeune fille. *Adelheid, on ne craint rien. Relâches cette porte. La jeune femme levât des yeux empreints de terreur sur elle. - J'ai peur... murmura-elle. - Mais Zor est tout seul dans l'écurie. Tu ne veux pas qu'il aie peur lui aussi … n'est-ce pas ?
Aussitôt, l'aubergiste rentrât dans la pièce en vociférant. Mais il se rétracta bien vite en voyant le regard menaçant de Jean, toujours penché sur une Thisbeth bien pâle et un Jacommo tenant des parchemins qui partaient visiblement en fumée au contact de ses mains.
- Allez vous en ! Engeance du diable ! Quittez cette auberge ! Fit-il en voyant Jacommo. Amaelle avait dégainé sa rapière et son poignard flamboyant et le ton de l'aubergiste se radouçit.
Quand vous voulez ! Mesdames et messieurs, je m'éclipse ! Je disparais ! Je ne suis pas là ! dit'il en refermant la porte. Amaelle se rua vers Jacommo. - Pourquoi ? Pourquoi avoir brûlé ce que nous avons eu tant de mal à mettre par écrit ! Jacommo grogna. - Parce qu'ici, personne ne me fait confiance. Si je veux savoir pourquoi je suis ici avec vous, je dois rester dans le groupe. Et si je détiens une information que personne n'a, vous ne pourrez pas m'éliminer ! Je vous ai bien vus ! Votre complicité avec les archanges, vos regards en coin...
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Silence ! Cria ThisBeth ! Nous avons besoin d'être soudés, pas de nous entre-déchirer ! Jacommo parle !
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Je sais où on doit aller pour retrouver tes joyaux et ta pierre. C'est le Pays de l'Imaginaire. C'est ce que j'ai déchiffré sur les parchemins faits par Amaelle et Jean.
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Très bien ! Comment y va-t'on ? Fit une Amaelle agacée tandis qu'Adelheid s'était redressée et regardait la scène avec de grands yeux tourmentés par l'orage pourtant diminuant et que Jean soutenait une ThisBeth encore chancelante mais debout.
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Vous n'avez qu'à me suivre. Je connais le chemin. Et c'est un Jacommo sûr de lui qui quitta la pièce. Triomphant. Rassemblant leurs affaires, les 4 compagnons maugréèrent mais finalement suivirent Jacommo dans les escaliers de l'auberge. Le client des aurores n'était plus attablé devant une chope de bière. Il avait finalement dû aller se coucher ou bien s'en aller. Amaelle pensa brièvement au fait qu'il puisse être un espion mais cette pensée s'échappa. ThisBeth lançât une bourse à l'aubergiste et tous quittèrent précipitamment la salle commune sous la piètre menace d'une fourche tenant par un taulier affichant une hostilité relative. Dehors, l'orage s'était tû et un pâle soleil surgissait des nues brumeuses. Soudain, un bruit de trot leur fit lever la tête. Tiens, on dirait que Zor a trouvé tout seul la sortie dit en riant Jean tandis que thisBeth se dirigeait droit sur lui. Flattant son encolure, ThisBeth décréta :
- Très bien Jacommo. Nous te ferons donc confiance. Peut-être cela t'incitera-t'il à faire de même....Je crois qu'ici tout le monde se fiche que tu sois un démon... même mes anges. Alors, décompresse un peu.
Amaelle regardât Jacommo la bouche ouverte. Soupçons confirmés. Jean lui lançât un regard évocateur tandis qu'Adelheid mettait Jacommo en joue de son arc. - Paix, paix lui dit Amaelle en s'approchant d'elle et en posant sa main sa la flèche engagée. Si ThisBeth dit que nous devons ne pas tenir compte de la nature de Jacommo, tâchons de lui faire confiance. L'anneau à la main de la jeune fille étincela.
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Bon, c'est par où la suite des aventures ? interrogeât Amaelle. Je me dégourdirai bien les jambes moi. Toutefois, il lui semblait qu'on les observait depuis un buisson. Elle regardât. Non... rien en vue apparemment ! Un cri détourna son attention
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Filez ! Hurla l'aubergiste qui cette fois brandissait une arbalète sur Zor. D'autres hommes l'accompagnaient et nos aventuriers se trouvaient en bien mauvaise posture. Amaelle songeait à se servir de sa rapière et voyait Jean se raidir en vue d'une attaque. ThisBeth semblait effrayée et Jacommo s'était réfugié sous les arbres et regardait la menace avec des yeux indifférents. C'est alors qu'Adelheid lançât son trait. Instantanément, l'auberge prit feu. Prenant leur jambes à leurs cous, le groupe se mit à fuir l'incendie de l'auberge, laissant un tenancier hurlant des ordres pour sauver son bâtiment aux hommes l'accompagnant.
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Par ici, criait un Jacommo tout courant devant la troupe. Sortons de ce bois, c'est tout droit !
ThisBeth et Jean montait Zor tandis qu'Adelheid courait pieds nus et qu'une Amaelle haletante les suivait. Une inquiétude la tançait. Elle se sentait suivie mais ne parvenait pas à découvrir si elle était parano ou si la menace était réelle. Bientôt, nos aventuriers se trouvèrent devant une rivière. Après une recherche en amont, infructueuse, il choisirent de redescendre le cours du fleuve et ne tardèrent pas à prendre un pont. Au-delà, un panneau indiquait le Pays imaginaire. Plein Est. Amaelle défiât Jacommo du regard. Sa garantie venait de lui échapper. Merci les panneaux indicateurs ! Mais, contrairement à ce qu'elle pensait, Jacommo lui rendit une moue dubitative, cligna de ses étranges yeux puis sourit. Il y avait encore de l'espoir que la troupe apprenne à se faire confiance. Ne restait que les dizaines de kilomètres les séparant de leur destination à parcourir. Se remettant en route, les compagnons regardèrent au loin. Une unité nouvelle était apparue.
Suite:
16 Le bivouac; auteur: scifan
Toujours aux aguets, Roland tente de comprendre ce qu'il se passe à l'intérieur de ce groupe, qui manipule qui et pourquoi?
puis suite de l'histoire B ici
AUTEUR: URUSEZEL
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