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Zuhri, l'ombre de lui-même, se trainait sur sa route, espérant ne pas dévier du chemin. Ses yeux étaient troubles, et son cerveau vidé, il n'avait pas mangé depuis dix jours et sa réserve d'eau était épuisée, il ne savait plus s'il était proche de sortir du désert, il avançait moitié courbé, en automate, trainant les pieds, il n'était plus aussi sûr de sa trajectoire et de sa vengeance, il n'avait jamais cru aux miracles, il était probable que son histoire prenne fin là, bientôt.

Sept se tenait à quelque distance de Zuhri, invisible à ses yeux. Il observait celui auprès duquel le Maître l'avait délégué. L'homme était assez grand, vêtu avec élégance, il avait eu un maintien fier, on aurait pu y lire quelque noblesse, mais Sept habitué à déchiffrer l'humain ne s'y trompait aucunement. Un simple bédouin, imbu de lui-même et de ses pseudo-savoirs, un homme en proie au chagrin, à la détresse, à la colère, à la haine, à la suspicion, au ressentiment, à la faim, à la soif, à l'épuisement, prêt à conclure un pacte avec l'ennemi pourvu qu'il lui permettre d'obtenir ce à quoi il tenait le plus présentement.

Sept ne se délectait pas de guider ce genre de personnage. Capable de trahir, aucun honneur véritable! Etait-ce dû au fait que Zuhri avait été seul survivant de sa célèbre tribu et qu'un étranger l'ait reccueilli, il y a bien longtemps déjà?
Zuhri était épuisé, Sept le sentait prêt à vendre son âme, et celles de toute sa tribu fantôme pour avoir de quoi manger, de quoi reposer sa tête et retrouver son satané cheval!

Sept grimaçait: Zuhri ne méritait pas de reconquérir Zeff! Il traitait avec un réel mépris tout ce qui aurait dû compter à ses yeux! Trop orgueilleux, trop égoïste, trop arriviste, trop intriguant.
Son maître n'aurait jamais dû lui permettre d'acquérir ce pur sang, puis de l'utiliser pour son plaisir, son profit, ses chasses!
Son maître n'aurait jamais dû s'attacher à un tel ignoble personnage...
Son Maître n'aurait jamais dû permettre qu'il s'élève par l'instruction, l'accès à certains savoirs...

Qui était cette triste créature pour oser encore invoquer le nom de son Maître, chercher à s'en prévaloir! Que de perte de temps! Sept aurait aimé plutôt s'occuper de la belle enfant qui reposait chez Pongwa et qui avait immédiatement conquis le coeur de Zeffyr!
Mais on ne désobéissait pas au Maître, et c'était auprès de Zuhri qu'il avait été dépêché!

Sept attendait comme on eut dit "sur la touche" que Zuhri soit "à point" pour le ramasser comme un fruit blette et l'écraser en sa terrible poigne.

Tahheyyât 8 février 2010; 18:08

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