Les autres étaient déjà hors de sa vue et Amaelle marchait d'un pas décidé pour les rejoindre. Roland ? Cet inconnu jaillit de nulle part était sûrement le client de l'auberge et la présence qu'elle avait sentie depuis leur départ précipité. Hostile ? A première vue, non... il n'avait pas commis l'erreur de s'approcher de trop près et avait mimé sa posture en tailleur, genre, je suis venu en ami. ThisBeth et elle avait d'ailleurs commencé à se connaître comme ça, en se mimant. Un léger sourire passât sur le visage d'Amaelle : elle avait été vraiment ridicule de prétendre danser tel un oiseau, heureusement que les archanges avaient fini par lui parler. D'ailleurs, où étaient-ils ces deux-là ? Mystère, ils n'en faisaient qu'à leur tête.

Pour l'instant, ce qui préoccupait la lyonnine, c'était les révélations que lui avait faites Roland. Elles étaient intéressantes...Ainsi, bientôt le groupe aurait la possibilité de récupérer le joyau initialement monté sur sa dague dans le terrier d'un lapin, au jardin de Wonderland qui faisait partie du Pays imaginaire. Et celui_ci se rapprochait à grands pas. De loin, Amaelle commençait à percevoir les discussions joyeuses du groupe et le clapotement des sabots de Zor. Apparemment, l'ambiance s'était un peu déridée. Amaelle hâta son pas. Devait-elle parler de sa rencontre avec Roland ?

Non, mieux valait garder quelques informations pour soi. Au détour d'un méandre de la forêt, Amaelle aperçut en tête montées sur Zor ThisBeth et Adelheid. Les deux jeunes femmes chevauchait sans se retourner et échangeaient des propos avec Jean qui marchait d'un bon pas à leur hauteur. Jacommo arrivait derrière. Pourvu qu'il ne tienne pas le grimoire. Amaelle se demandait si Jacommo ne voulait pas le détruire. Mais ThisBeth et lui parlaient régulièrement et la jeune femme avait l'air d'avoir confiance en lui malgré l'incident de l'auberge. Sans compter qu'Adelheid avait elle aussi réagit en tenant le grimoire. Cherchaient-ils à l'empêcher d'être détruit ? Les filles avaient-elles lutté contre Jacommo pour sauvegarder le précieux texte ? Comment Roland en connaissait-il le contenu ? Bien des mystères sans réponses hantaient Amaelle. Et pourquoi ThisBeth avait crié : je sais où est la rose ? Enfin, quelle était ce rose ? Le joyau recherché ?

Amaelle commençait à avoir mal à la tête. Jacommo se tenait juste devant elle et se retourna l'air craintif vers elle quand il l'entendit. Elle tentât un vague sourire, remontât à la hauteur de Jean et des filles et lançât : - Allez, on y est presque et les alentours sont calmes. Profitons-en !

  • Tout va bien Amaelle ? lui demandât ThisBeth. Je me demandais où tu étais passée... tu as été longue à venir

  • Je couvrais nos arrières, au cas où... Dis-moi, la rose dont tu parlais tout à l'heure se trouve bien au Pays imaginaire n'est-ce pas ?

ThisBeth hocha la tête tandis qu'Adelheid dévisageait Jean. - Tu peux la sentir ? Lui demanda-t-il ?

  • Oui, elle n'est plus très loin maintenant. Regarde, on peut apercevoir au loin les premières maisons du Pays imaginaire. Un village il me semble. Vers la droite !

  • Et tu sens que c'est par là qu'il faut aller ? Interrogeât Amaelle.

  • Non, je crois qu'il faut aller à gauche, vers la forêt, pourquoi ?

  • Moi aussi répondit la guerrière. Et le grimoire ? A-t-il délivré quelques uns de ces secrets ?

Adelheid gloussa. Oui, il s'efface progressivement mais nous avons pu en maintenir la plupart des caractères. Mais s'il s'est bien défendu...

  • Quand vous avez volé à travers la pièce tu veux dire ? Fit un Jean un peu crispé.

  • Précisément fit la voix caverneuse de Jacommo.

Bien, pensât Amaelle, Voilà au moins un point d'éclairci. Ils essayaient de le préserver et pas de le détruire. Du moins pas tous les trois.

Le groupe bifurqua à senestre et bientôt fut environné de fleurs odorifères et colorées. Le chemin serpentaient à travers de magnifiques massifs d'arbustes luminescents, de vivaces éclantant en un énorme bouquet naturel. Des arbres aussi émaillaient le territoire en légère pente qui menait tout droit vers un immense chêne millénaire. - On approche ! L'excitation faisait briller les yeux de ThisBeth. La rose, elle est toute proche !

Sur une esplanade herbue, l'immense chêne déployait l'ombre de son intense feuillage. Il étincelait au soleil, ses feuilles vertes sombres d'un côté et argentées de l'autre frissonnant dans une brise légère. Les marguerites frémissaient au vent et les jeunes femmes démontèrent pour se baisser et caresser les fleurs. Jean palpait l'arbre, tandis que Jacommo fixait l'horizon, une main en casquette pour filtrer les rayons de soleil l'aveuglant. Amaelle observait les alentours les tâches sombres et les taillis dans l'espoir de dénicher un terrier ou une grotte. Rien... Crispant les dents, elle s'apprêta à interpeller ThisBeth sur la démarche à suivre quand soudain, entre ses pieds fila à toute allure une boule de poils blanche avec deux grands oreilles pointant au-dessus d'un.... chapeau ? Son hoquet de surprise fit lever les yeux du groupe vers la tâche claire entre les herbes, arrêtée et redressée sur ses pattes arrières.

  • Mazette ! Mais je vais être en retard ! Fit la lapin en regardant un objet rond et luisant. Une boussole ? Amaelle écarquillait les yeux tandis que les filles gloussaient et que les garçons, interloqués, fixait le lapin, la bouche ouverte. Vous allez rester comme ça longtemps ? Bande de mollusques ! Du nerf ! Je dois vous emmener prendre le thé chez mon ami le chapelier fou et les guerriers parmi vous auront fort à faire avec les cartes-cœurs de la Reine ! Allons ! Dépêchez ! Dépêchez !

Et d'un bond, le lapin démarra, la troupe éberluée à ses trousses. Dans sa course, de douces effluves de rose embaumaient l'atmosphère. Il courait, filait à toute allure, ne laissant à la troupe que peu de temps pour réellement songer à ce qu'elle faisait. Puis, un trou ridiculement petit apparut droit devant, à raz le sol et le lapin s'y faufila avec adresse. Amaelle freinât, dérapa et enfonça sa tête dans le terrier, dague flamboyante dégainée devant elle afin d'éclairer la galerie. Elle commençait à ramper quand elle se sentit brusquement tirée en arrière par ses jambes. Sortie du trou, elle se relevât en furie, et en hurlant  sa rage.

  • Quoi ? Vous croyez vraiment qu'on a fait tout ce chemin pour rester devant ce trou ? Mortecouille ! Vous ne sentez pas comme ça pue la rose au cul du lapin ? Qu'est-ce que vous attendez ?

  • Mais on ne peut pas passer par là Amaelle fit Jacommo. Il est hors de question que je rampe !

  • C'est étroit pour ma carrure dit Jean. Adelheid regardait froidement Amaelle tandis que ThisBeth serrait sa tête entre ses mains, partagée entre foncer ou trouver une autre solution.

  • Rhaaaa ! Vous me foutez la chtouille ! Faites ce que vous voulez, moi j'y vais fit une Amaelle très en colère. Elle s'agenouilla violemment et fit claquer se genoux contre la terre.

  • Attend, je ne veux pas que tu prennes trop de risques, Amae... Zor hennit brutalement. Son cri était à glacer le sang... Un tremblement de terre secouât les alentours et une faille apparue, se lézardant dans toutes les directions sous les pieds du groupe.

  • Accrochez-vous si vous le pouvez ! Cria Amaelle tandis que le sol se dérobait sous son corps. Les cris de ses compagnons l'accompagnèrent dans sa chute. Puis une imense torpeur l'a prit tandis qu'elle voyait comme au ralenti, la troupe basculer à son tour dans le trou qui s'ouvrait sous eux. La dernière chose que à laquelle pensât Amaelle fut Roland : Maudit soit-tu ! Roland pour nous avoir jeté dans ce piège ! Puis elle s'endormit.

 

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AUTEUR:Urusezel

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