Courage! Fuyons!
ThiSBeth avait éperonné Zor jusqu'au sang pour qu'il hennisse, et que se produise le tremblement de terre qui avait été fatal au reste de la troupe!
Elle s'en voulait pour avoir saisi le grimmoire, d'avoir lâché la main de Jean lors de sa remontée , elle en éprouvait une peine immense, sans savoir vraiment ce qui occasionnait un tel mal-être.
- Je vais avoir du mal à te soigner comme le faisait Jean, il aurait pu te panser, je t'ai fait saigner! pardonne-moi!
Zor comprenait son langage, comme il comprenait celui du Prince. Ses yeux étaient emplis de larmes! Il hocha sa belle tête et la posa contre la poitrine de ThiSBeth. "Pleurons, ça nous fera du bien!"
Katz et Ziee entouraient ThiSBeth et Zor de leurs ailes, c'était leur réconfort. Mais pas trop d'effusion, car l'action n'attend pas!
- J'ai besoin de quelqu'un qui restaurera le grimmoire, je n'ai pas d'autre solution! Je ne sens plus la rose! Pas de joyaux et pas de rose! Maudite journée! Bah non, Zor, tu vas m'aider?
Mais Zor restait immobile, incapable d'avancer comme de voler!
- Il te manque à toi aussi? Non, qu'est-ce que je vais chercher, tu as mal!
Elle se retourna vivement, "voyons où trouverai-je de quoi te soulager?" Des soucis? tout un par-terre, dans cette forêt! inespéré pour aseptiser la plaie, rapidement, ThiSBeth fit un cataplasme de ces calendula officinalis qu'elle applica sur la plaie de Zor.
C'était magnifique comme ces plantes agissaient vite. Mais il fallait plus: bagigeonner ensuite la blessure bien propre avec du miel et faire boire de la gelée royale à Zor.
- Où trouver ceci au plus vite? As-tu remarqué un village et des villageois lorsque tu survolas la contrée?
Elle avait sacrifié le bas de sa tunique pour en extraire de fines bandelettes, qui jointes les unes aux autres, faisaient le tour des flancs du cheval. Cette bande maintenait le cataplasme, ainsi que le grimmoire qui lui servirait de selle.
Zor se laissa monter, il déploya ses ailes, et grimpa très haut, puis il s'orienta vers un petit village aux cahutes en pierres sèches, poutres de chêne et toits de chaume. Il fondit vers lui. De sa main droite, ThiSBeth se cramponnait à sa crinière tandis que l'autre main maintenait fermement le grimmoire sous ses fesses.
Atterissage "à la colonelle" mais sans bois cassé! ThiSBeth fit signe au premier des villageois qu'elle aperçut, il se détourna en fuyant! "froussard!" pensa-t-elle "s'ils sont tous ainsi, je devrai trouver les ruches toutes seule!"
Elle se mit à bourdonner: "zumzummmm!" Bientôt, une nuée d'abeille la cerna. "Conduisez-moi à votre reine!" Zor était craintif, mais il suivit tout de même le nuage bruissant.
Les abeilles couvraient la tunique de ThiSBeth et leurs ailes sans cesse créaient un doux courant d'air, une légère vibration, comme une "aura". Les fins bijoux d'or étincellaient à des bras, son cou et dans sa chevelure rousse, on eut dit qu'elle était la Reine des Abeilles en personne!
Elle fut rapidement près des ruches, mais aucune reine ne vint à sa rencontre. Ce petit peuple la servait venant déposer du miel sur la blessure de Zor, et portant à la lisière de sa machoire chevaline la gelée royale à profusion, dans des corolles de volubilis.
Une outre fut confectionnée, elle contenait de la gelée pour tous les autres membres du groupe, au cas où ils en auraient besoin pour se requinquer lorsqu'elle les retrouverait bientôt.
Les abeilles rafraichirent le grimmoire, toujours usant de leurs battement d'ailes, ce qui était nécessaire pour que son écriture ne continue pas à s'auto-détruire.
Quelques enfants des villageois s'approchèrent de ThiSBeth et Zor, comme leur coeur était pur, ils ne virent en eux qu'une femme accompagnée d'un cheval blanc.
- Pourriez-vous m'indiquer où je trouverai de quoi manger et boire?
Et les enfants les avaient guidé chez leur père, tout naturellement.
- Merci les enfants! nous aurons sans doute encore besoin de vous!
- Oui, vous nous aiderez vous aussi?
- Certainement, avez-vous des problèmes?
- Depuis que Peter Pan et sa fée Clochette ont déserté ce pays, tout se "détraque", avez-vous entendu parler de la Reine de coeur?
- Non! vous m'expliquerez à mon retour!
A l'auberge du village. Un homme était attablé seul au fond de la salle, légèrement dans l'ombre, elle se dit qu'elle l'avait déjà vu, mais où?
L'aubergiste les servit, elle et Zor comme si le cheval eut été un hôte de marque. L'homme, l'étranger, remarqua immédiatement le grimmoire, il se leva et vint vers ThiSBeth, les yeux électrisés.
- Vous savez lire? lui dit-il aussitôt.
- Bien sûr! affirma ThiSBeth sans méfiance tout en souriant.
- Je vous achète ce recueil.
- Il n'est pas à vendre, par contre connaissez-vous quelqu'un capable de me le réparer?
- ça dépend
- De quoi ou de qui?
- Donnez-moi une des formules qu'il contient et marché conclu! en forme d'accord, ils se topèrent la main.
Après s'être fait grassement payer, l'aubergiste fit apporter du velin, de l'encre et deux plumes. Il coupa le velin en deux parties égales, l'homme mystérieux traça quelques mots sur sa partie, ThiSBeth fit de même sur la sienne. Ils échangèrent leurs messages. L'homme fit un signe, et deux créatures à faces de rongeurs, sorties de nulle part se jetèrent sur ThiSBeth pour s'emparer du livre.
Elle vit venir le coup, "ça sent le pourpre, ça!" pensa-t-elle à la vitesse de l'éclair! et dégainant sa fine lame d'espade joua du poignet pour tailler en pièce les agresseurs, tandis que de ses lèvres fines s'élevait la terrible incantation, celle qui fige tout!
"rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosas, rosarum rosis, rosis!"
en effet tout se figea, hormis Zor et la troupe d'abeilles.
ThiSBeth empoigna diverses provendes et bouteilles, un grand sac et un panier qu'elle remplit à raz bords. "Il me faut un coffre bien solide!"
Elle entra plus avant dans la resserre de l'auberge, et chercha jusqu'à découvrir un grand coffre en acajou, qu'on eut dit de pirate. "Le coffre de Rackham le Rouge!"
Elle le fixa sur Zor et y enferma le grimmoire, le miel, la gelée royale, quelques jambons et tourtes, et un lot d'armes blanches qu'elle trouva dans la cuisine, près du tourne-broche.
Elle sortit précipitemment, avant que le charme ne soit rompu, renversa quelques étals de marchands tout esbaudits, non consentants:
"Réquisition par ordre ROYAL! j'ai besoin de vos marchandises!" et sans opérer de troc, elle saisit tout ce qui lui tombait sous la main pour l'enfermer dans le coffre de Rackham le rouge.
Un espèce de poulet plumé se mit à ses trousses, mais ne put résister à son épée! Décimée, embrochée la volaille! bonne à rôtir!
Avant de sauter en selle, une nouvelle incantation brève s'éleva de ses lèvres purpurines:
"Corvus, corve, corvum, corvi, corvos, corvis"
ainsi les villageois, leurs femmes, leurs enfants et leur bêtes, seraient-ils protégés des attaques possibles de l'ennemi et des créatures de la nuit.
Car jamais ThiSBeth n'oubliait de remercier qui l'avait aidée!
Zor s'éleva tel un aigle royal et fondit sur Londres où s'était établi depuis plus d'une semaine un spécialiste des livres anciens et de la recherche de trésors, . Elle aurait plaisir à festoyer avec lui.
Sur le morceau de velin rédigé par l'inconnu se trouvaient tracées ces indications:
Belon Pohluinh,
Bibliothèque du MOOC,
département Historia,
Londres GB
Au moment où ils abordèrent le grand bâtiment désormais familier à ThiSBeth, une odeur suspecte chatouilla les narines de Zor!
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AUTEUR: KlairA
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