C'est la caille ! Jean, Adelheid et Amaelle, face à Jacommo et la reine de coeur...
Le choc se répercuta dans tout son corps. Elle avait mal partout ! Bon Dieu ! Et il régnait comme une odeur de soufre. Et quelque chose ou quelqu'un remuait faiblement à ses côtés. Amaelle entrouvrit les paupières. Des... cartes à jouer ??? bizarres couraient en tous sens dans une pièce à l'apparât, ma foi, royal en hurlant et se cognant les uns les autres. Tombé à plat, manifestement, ils ne pouvaient plus se relever comme l'attestaient quelques bras et jambes battant frénétiquement l'air. Amaelle contint un fou rire naissant. Chut... fallait se concentrer.
Au loin, de dos se dressait un..., Bannières archange noir aux cheveux roux : Jacommo ! Pensa-t-elle tout de suite face à une femme grotesque engoncée dans une robe rouge et portant une coiffe étrange (en forme de cœur ?) sur la tête.
Ouh la la.. les choses semblaient s'être considérablement corsée durant son absence...
Amaelle enregistrait chaque élément de ce nouveau paysage. Avant d'agir inconsidérément (comme elle l'avait fait jusqu'à présent) il lui fallait décortiquer la scène pour agir avec efficacité avant de dégainer et de se jeter droit dans la gueule du... démon. Enfin, on était pas à l'heure de l'infuselle, là fallait se magner un peu quand même.
Jean reposait dans un coin de la pièce, en diagonale, derrière le trône. Elle ne le voyait pas entièrement, seule sa main s'appuyant sur le mur lui laissait présager sa présence là-bas... Il devait être encore complétement sonné. Mais il se relevait. Un guerrier de plus, c'est toujours à prendre. Adelheid remuait et regardait Amaelle.
Jacommo avait l'air d'aspirer toute la lumière de la pièce. De sombres ailes avaient poussées dans son dos et vu la gueule de la reine-mère face à lui, c'est lui qui menait la danse. D'un coup, il se pencha et échangea quelques mots avec la Coeur. Dommage que ces purins de cartes continuent à hurler, en proie à la panique générale ! Amaelle donnerait tout pour savoir ce qu'ils étaient en train de se dire.
La reine levât la main et quelques cartes le remarquèrent assez pour s'arrêter et tendre l'oreille. Jacommo fit le geste de tendre la main vers la reine.
- Oh, purin, Adelheid lève-toi ! Prends ton arc et cours vers Jean, ça sent le roussi !
Et pour cause, les cartes s'enflammaient autour d'elles.
Amaelle se dressa fermement sur ses jambes, tirant Adelheid qui commençait à réagir. Elle la propulsa vers l'angle de la pièce où, lui semblâ-t-il subrepticement Jean avait esquissé un mouvement. Peut-être que lui aussi avait observé avant d'agir.
Nonosbtant le fait que la reine avait lancé « Jamais ! Qu'on leur coupe la tête ! » et que de nouvelles troupes envahissaient déjà la pièce et se retournaient avec avidité vers nos compagnons, Amaelle vit Jacommo se retourner lentement vers elle. Plus vive que l'éclair, Un de ses poignards, celui qui ne flamboyait pas (ThisBeth y tenait et sauf en cas d'extrème nécéssité, mieux valait éviter de s'en servir) trancha les airs dans un sifflement sec et allât se planter dans la main tendue du démon. Celui-ci dans un cri n'acheva pas son incantation ? Mais retira vivement la dague. Elle tomba à terre et se consuma peu à peu. Mince, mince, mince et les cartes qui arrivaient ! Il s'apprêtait manifestement à la bombarder d'une boule de feu quand...
Une flèche de feu traversa l'horizon des évènements et se plantât dans un bruit mou entre les ailes de l'archange noir. Puis d'autres traits enflammèrent l'air, touchant des cartes embrasées aussitôt. Adelheid faisait du bon travail, et même du très bon pensa Amaelle en dégainant sa rapière.
Jean quant à lui était sorti de sa vision. Non ! En observant la pièce à travers la nuée des fumées, Amaelle l'entraperçut se faufilant vers la reine en se dissimulant de Jacommo. Lequel s'agitait. Il ne fallait pas qu'il voie Jean. Ah, purin de démons, elle pouvait pas les encaisser eux et leurs engeances... Le feu marchait pas mal mais pas assez pour chasser la créature de la pièce. Comme le prouvait la flèche dans son dos.
Peu de cartes se tenaient encore entre elle et le démon. Mais ils s'aspergeaient tous d'une eau contenue dans une auge ? Vasque ? Bénitier ? En pierre blanche qui occupait un pan de mur et qui retint toute son attention. Amaelle se lançât de cette direction en une roulade habile, trancha deux pieds des cartes qui passaient par là, esquivant une boule de feu et un coup de pique. Mais à peine relevée, elle sentit le souffle d'air chaud se rapprocher d'elle. Elle était fichue. Amaelle replongea à terre tandis que sa longue natte s'embrasait. Des cartes maladroites s'étaient trouvées sur le chemin des flammes et se consumaient dans de grands cris de panique qui la dissimulaient un instant aux yeux de Jacommo. Tout en maintenant sa rapière, Amaelle s'aspergea à son tour d'eau, trempant au passage sa lame. Elle jeta un regard, Jacommo inondait de boules de feu la pièce et Adelheid s'abritait maintenant derrière un écu qu'elle avait déboulonné du mur. Bonne nouvelle, la reine avait eu peur et s'était réfugiée derrière son trône d'où elle invectivait ses troupes, pile à l'endroit où Jean devait l'attendre. Vrai, Amaelle vit la reine partir en arrière, Jean la ceinturant et glissant une dague sous son double menton. Que faisait-il ? Pas la moindre hésitation, il tentait de s'emparer du joyau ! Et Jacommo bondissait maintenant vers lui !
Amaelle courut, son fer au clair droit sur Jacommo dans un cri barbare et colérique. Assez pour que ça détourne l'attention du démon. La flèche enflammée fichée dans le dos se consumait lentement et finit par tomber en un minuscule tas de cendres , bientôt soulevé par le passage d'une Amaelle en étant d'amok. Adelheid joignait sa voix aigüe à ce cri, courant elle aussi vers Jacommo. Tant mieux pensa Amaelle exploitant la faille créée par cette dynamique diversion. La rapière pénétra de côté, juste sous les côtes du démon et le transperça de part en part. Adelheid, quant à elle asséna un puissant coup d'arc qui fit se tordre la tête hurlante de Jacommo. Puis la rapière sortit du corps tremblant du démon, Amaelle tirant sur sa garde tandis que le démon s'élevait dans les airs en rétrécissant de plus en plus.
Jean quant à lui maintenait la pression sur la jugulaire d'une reine hoquetant, bouche béante. Sa main libre étincelait des joyaux pris à son cou. Qu'on lui coupe la tête hurla Adelheid! La lame commençait à glisser quand L'archange tombât lourdement à terre, inconscient. Peu à peu, il entama la transformation inverse, retrouvant les traits ravagés de Jacommo. Amaelle se rua sur lui, mettant tout son poids pour le contenir. Adelheid avait déjà courut vers le bénitier et inbibait une corde d'eau.
Mais qu'est ce que tu fais? Purin, Adelheid! l'interloqua férocement Amaelle. Chlink, ploc! fit la tête de la reine roulant sur le sol. D'un bond, Jean fut également sur Jacommo, aidant Amaelle à le contenir dans une immobilité relative.
- Vite, une corde, des chaînes !
- N'importe quoi Adelheid !
- Voilà ! Arrête de râler lui rétorqua celle-ci en tendant la corde mouillée.
- FFFF, que veux-tu que je fasse avec ça? Ce type est un démon ! La corde va brûler et
- C'est de l'eau bénite Amaelle, la coupa Jean. Espèce de barbare, tu ne sais pas que c'est la seule façon de tenir un démon un peu en respect ?
- Adelheid riait en laçant les pieds de Jacommo.
- Non, j'le savais pas bougonna-t-elle. Comment veux-tu que je le sache ? fit-elle en haussant les épaules.
- Purin de barbare, hein? Et comment ta lame aurait pu le transpercer sans ça, idiote !
Le jour se fit dans l'esprit d'Amaelle. C'était donc ça !
-
Bon, on le tue ou on le soigne? demanda une Adelheid mâchant déjà ce qui semblait être de l'herbe.
-
On le tue ! On le soigne ! Répondirent en cœur Amaelle et Jean.
-
Faudrait peut-être voir à se mettre d'accord ! Fit une Adelheid narquoise en se penchant vers Jacommo. Moi, je suis pour qu'on le soigne, ça fait deux contre une Amaelle....
Et elle appliqua un cataplasme sur les chairs fumantes de Jacommo, précisément là où la rapière avait trouvé son chemin.
- Ce rouquin en sait plus que nous sur toute l'histoire. Faut le garder en vie, fit Jean Pragmatique.
Puis, il est roux...ça te rappelle pas quelqu'un, Barbare Amaelle!
Oh, oh, il se pourrait bien que ces deux-là aient raison. Mais la bête était super agressive, faudrait pas se planter.
Jetant un regard mauvais, Amaelle se releva, jaugeant les liens sacrés qui entravaient la bête. Ils avaient l'air solides.
-
Bon, d'accord... Mais vous n'aurez pas à chaque fois le dernier mot ! Amaelle pointa un doigt accusateur vers ses deux compagnons. Elle se tourna vers la porte. Plus personne ne venaient. Le feu était au moins efficace contre des cartes en papier.
-
Bon, Jean, tu as les joyaux ?
-
Affirmatif, Amaelle. On pourra les remettre à Thisbeth dès qu'on le retrouvera. Le problème, c'est qu'on ne sait pas où on est, ni vers où aller.... murmura Adelheid. Ouais !
-
Mais faut sortir d'ici, j'étouffe rétorqua Amaelle. Puis tournant le talon, elle lança:
Puisque vous l'aimez tant votre démon, portez-le donc jusqu'à la sortie ! Je fais l'éclaireur.
- Peste de femme sois-tu ! Lançât un Jean énervé. Adelheid fit une moue amusée. Laisses-la Jean, ça lui passera !
Et passant leurs bras autour de Jacommo, ils le relevèrent et le trainèrent hors de la pièce. Tout était calme et c'est sans encombre que les 4 compagnons sortirent du château. Devant l'imposante porte gothique, des panneaux indiquaient diverses directions.
-
Waouh ! Les voilà ! Cria un drôle de bonhomme surmonté d'un énorme chapeau, monté sur un char tiré par
-
Le Lapin ! Firent nos trois amis éberlués.
-
Oui, mais pas n'importe quel lapin ! Fit remarquer le chapelier fou. C'est un lapin de Roskovel ! Mon lointain cousin Radagast m'en a confié quelques uns en élevage voici quelques années mais la reine les a tous capturés un par un. Il ne reste plus que celui là ! Mais, je vois le joyau de la reine pendant de votre poche, Messire, la reine est donc morte. Hourra ! Le lapin sauta en l'air de joie et se mit à siffler.
-
On lui a coupé la tête balbutia une Adelheid interdite oubliant presque la charge de Jacommo qui pesait sur son côté gauche.
Amaelle apparaissait comme stupefixée... Jean souriait et se retenait de rire. Jamais un spectacle ne lui avait paru plus joyeux.
D'un coup, dans un déferlement blanc, des dizaines de lapins s'échappèrent de la cour du château, déboulant droit sur nos aventuriers et s'arrêtant in extremis à leurs pieds.
-
Ah, ben, il se sont multipliés dit en riant Jean. Donnez moi votre charge, Ade et Jean. Posez le sur le chariot, montez avec moi ! invita le chapelier
-
Mais, on ne sait pas où aller !
-
Mais moi je sais dit le chapelier fou en descendant de son traineau pour se saisir de Jacommo.
-
Ouh ! Il est lourd ! Puis se retournant vers les amis. Ne craignez rien. Il ne se réveillera pas tant que vous serez en ce pays. Mais, je crois que l'on vous attend en Bannières. Je vais vous déposer !
-
Jacommo solidement arrimé devant lui, le chapelier invita Jean et Adelheid à monter avec lui.
-
Mais, mais, mais, vous allez pas partir sans moi ! S'exclama Amaelle !
-
Non, bien entendu ! Cria en claquant des mains le chapelier.
Aussitôt, le traîneau se mit en route. Amaelle se sentait comme une idiote. Elle allait entamer une course poursuite quand deux lapins s'inclinèrent devant elle.
- En paiement de notre dette, lui dirent-ils tandis qu'Amaelle était renversée les quatre fers en l'air et tombait sur un pelage doux! Doux et confortable. Des dizaines de lapins s'étaient faufilés sous son corps et couraient sous elle à un rythme frénétique ressemblant au galop d'un cheval.
Amaelle cria de joie. Un tapis de peau de lapin ? Non, un tapis volant ? Presque ! Un tapis volanpin !
Le traineau filait à vive allure et Amaelle se laissa bercer.
Quand elle se réveilla, elle gisait au sol, emmitouflée dans une bonne couverture. Un feu achevait de consumer sa braise sous un soleil palissant à l'horizon. Non loin Jean et Adelheid roupillaient du sommeil du juste. Arrimé à un arbre, Jacommo les yeux fermés dormait aussi. Une feuille de vélin pendait à sa poitrine.
"Chers vous ! Dormez tranquille, le démon va se reposer encore un peu sous l'effet d'une décoction de ma composition, conseillé par la chenille. Bonne route à vous ! Vous voici en Bannières !
Vos amis, le chapelier et les Roskovels !
Post-criptum : je pense que des personnes vous attendent. Voici un plan sommaire de la région."
Quelques arbres dessinés. Une forêt. Et un château avec un village à ses pieds.
- Bon, dormons fit Amlaelle en touchant le bout calciné de sa natte raccourcie par le feu. Il sera toujours temps pour les problèmes dans deux heures.
Et se calant entre Ade et Jean, Amaelle replongea dans le sommeil.
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AUTEUR:Urusezel
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